L’artiste Riaq Miuq invoque les esprits de la forêt
Le plasticien Riaq Miuq vit et travaille en Galice, au nord-ouest de l’Espagne, où il conçoit Omgra, exposé à la galerie GKo au cours de l’été 2019. Formé aux Arts Muraux Appliqués et à l’Agriculture Biologique, Riaq Miuq mêle ces deux disciplines dans un travail organique qui questionne le cycle de vie et l’empreinte des esprits sur les espaces naturels qui tendent à l’urbanisation.
Omgra est inspiré de votre rapport personnel à votre ville natale.
J’ai grandi dans une ville des montagnes de Collserola, près de Barcelone. Son paysage m’a façonné. Une atmosphère étrange y règne ; la forêt méditerranéenne mais aussi le poids constant de l’activité humaine qui se déploie tout autour. Des milliers de pylônes électriques, des installations industrielles abandonnées, de vieux dépotoirs dans toutes les vallées… Tous ces éléments qui coexistent avec la ruralité sont, petit à petit, recouverts par la force de la Nature. C’est autour de cette image du monde que je construis mon imaginaire artistique.
Je produis des peintures murales, des dessins, des masques et des installations. Je recherche des techniques simples utilisant des matériaux disponibles dans les environs, tels que les pigments collectés, les fibres végétales, l’argile et les matériaux industriels comme les ordures, l’encre, la peinture ou l’eau de Javel.
Comment Omgra s’inscrit dans le monde matériel des vivants, mais aussi des esprits ?
Omgra est un projet qui crée des ponts entre le monde industriel et le monde naturel ou ancestral. Expérimentant le travail rituel, j’ai créé quatre masques qui représentent les quatre éléments naturels et le cycle éternel de la vie végétale. La mort fait donc intrinsèquement partie du cycle de vie. Dans une forêt, le sol est couvert de feuilles mortes, d’arbres, de cadavres. Tous se décomposent lentement par le mycélium et les bactéries, devenant un sol pour la croissance de nouvelles racines. Tous les processus subtils et invisibles qui ont lieu au cours de la renaissance de la vie m’interrogent. En les observant patiemment, ces ombres deviennent plus claires.
Vos 4 masques sont confectionnés à la main. De quels éléments sont-ils constitués ?
J’ai commencé à fabriquer le masque Harvest pendant l’été 2018, en automne est venu le masque Soil, en hiver Rain, et le masque Light a été fabriqué au printemps 2019.
Pour les structures principales, j’ai utilisé des fruits de Lagenaria Siceraria (récoltés et séchés pendant 9 mois) et des plantes sauvages comme la brachypodium retusum et le spartium junceum. Les détails ont été réalisés avec des cannes Arundo Donax, des tiges de phoenix dactylifera, de l’argile, de l’ardoise, de l’encre nogaline, de vieux bouchons de bouteilles, des plumes, des os, des racines et d’autres objets trouvés dans la forêt et les rues.
Pourquoi avoir mis en scène vos masques au travers du médium photographique ?
Les photographies sont les fruits de la collaboration avec l’artiste Pol Ventura. Nous avons choisi la photographie analogique pour son processus plus manuel et les atmosphères magiques et oniriques qu’elle procure. Ensemble, nous avons cherché des endroits significatifs où les quatre masques expérimentent le mouvement et la communication avec l’environnement, ses constructions industrielles monumentales et ses espaces naturels sauvages.
Crédits images : Riaq Miuq et Pol Ventura
Site web : www.riaqmiuq.com