Du Japon à la Namibie, Romain Veillon chasse la lumière et les souvenirs

C’est dans une course effrénée, mais surtout émotionnelle, que Romain Veillon capture, le temps d’un instant, les fantômes du passé. Dans le village ensablé de Kolmanskop, les parcs d’attraction du Japon ou les écoles de Chernobyl, le photographe français témoigne du passage du temps. Son livre Ask the Dust édité chez Carpet Bombing Culture recueille les lieux qu’il a visité à travers le monde et où se cachent les histoires d’une autre époque.

C’est généralement sur Internet, ou au détour d’une conversation avec les locaux, que commence le travail de Romain Veillon. “La recherche de ces lieux est ce qui me prend le plus de temps” explique-t-il. Son processus créatif a presque valeur de rituel : “Je fais un tour du lieu pour m’imprégner de l’ambiance et trouver les pièces qui retranscrivent le mieux l’atmosphère que j’y ressens. Je cherche aussi de vieux objets ou des affiches, témoins d’époques et de modes aujourd’hui oubliées. Végétation, peintures écaillées, poussière et délabrement me fascinent toujours.”

Quand on demande à Romain Veillon l’endroit qui l’a le plus bouleversé, il répond, sans l’ombre d’un doute la ville de Kolmanskop, au sud de la Namibie. “C’est une ancienne ville minière, qui fut créé en 1908 quand le diamant y a été découvert. La ville est devenue si riche que les colons faisaient venir leur eau depuis le Cap à 1000 km de là et importaient leur champagne de Reims. Elle fut entièrement abandonnée en 1954 quand ils ont trouvé d’autres filons dans une région plus au sud.” Depuis, le sable est devenu le seul habitant de la ville. Envahissant, il s’introduit dans chaque recoin des maisons et offre une nouvelle topographie au paysage namibien. “On a l’impression que le temps ne s’écoule pas normalement là-bas. On est transporté dans un futur post-apocalyptique où l’homme semble avoir disparu de la planète.”

Pour Romain Veillon, le fantôme n’est ni funeste, ni effrayant. Au contraire, le photographe est surtout un chasseur de lumière. Il nous dit : “Ces lieux abandonnés sont déjà tristes par nature. Je ne veux pas renforcer cette impression et donc j’essaie de rendre mes images les plus lumineuses possibles. J’aimerais y remettre un peu de vie, au moins l’instant du cliché.” Avec des pauses longues et des pièces qui lui fournissent les meilleures conditions pour la captation photographique, Romain Veillon pose sur papier ses musées imaginaires. “Nous pouvons rêver à quoi ressemble la vie des gens habitant les lieux et quel était leur quotidien. C’est ça que j’aime le plus. Le fait d’enflammer notre imaginaire en essayant de reconstituer le passé.”

 

From Luxuria series

From Sands of time series

From Sonatine series

From La Dolce Vita series

From Home Sweet Home series

From Man of Steel series

From Nara Dreamland series

From Ask the dust

© Romain Veillon, “Ask the Dust”, Carpet Bombing Culture éditions.