Luke Gilford renouvelle le mythe du cow-boy
Pour Luke Gilford, photographe américain born and raised au Colorado, ses premiers souvenirs sont marqués par l’amour du rodéo et l’écœurement de ses dynamiques homophobes. Avec son livre photo National Anthem, le photographe décide de plutôt mettre en lumière les communautés rodéo queer.
C’est d’abord un intérêt familial que Luke Gilford porte au rodéo. Son père était un membre actif de l’association “Rodeo Cowboys”. Les balades du dimanche ressemblaient donc à des traversées du désert, sur fond de montagnes caillouteuses de la petite ville d’Evergreen. Des gens et des animaux éclairés par une lumière dorée, des jeans patte d’eph, des ceintures en cuir, de la poussière qui vole au vent après que des sabots aient violemment foulés le sol… Depuis toujours, Luke Gilford capte le potentiel cinématographique du rodéo. Avec ses yeux d’abord, puis, plus tard, par le biais de son appareil photo.
Dans National Anthem, Luke Gilford relate l’arrachement qu’il a vécu de la communauté rodéo, lorsqu’il comprend avec colère et dégoût les violences homophobes qui s’y déroulent. National Anthem c’est aussi la découverte d’une culture underground, la “communauté rodéo queer”, lors d’une Pride en Californie du Nord, juste avant l’élection présidentielle de Trump. Les images de Luke Gilford sont donc remplies de ces cow-boys et cow-girls, des bull rider noir, homosexuels, non-confirmistes à l’image traditionnelle et conservatrice blanche et hétéro que l’Amérique a construit sciemment autour du mythe patriotique du cowboy.
Son portrait préféré est celui de Priscilla Toya Bouvier, posant sur fond de coucher de soleil orageux. Elle est élue Miss International Gay Rodeo en 2019, après avoir grandi dans une famille conservatrice du Nouveau-Mexique, elle participe aujourd’hui à des compétitions de roping de veaux, de chute de chiens, d’épreuve de vitesse, généralement en drag. National Anthem est une lettre d’amour à la communauté rodéo qu’il a découvert et qu’il chérit aujourd’hui.
Web: www.lukegilford.com
Instagram: @lukegilford
© Luke Gilford