Immersion dans les fleurs sauvages de Willem Douven

Loin des studios photo, c’est en randonnée que Willem Douven photographie des fleurs sauvages, tantôt prises sous les rayons brûlants du soleil et les faisceaux lumineux de la lune. Dans une quête personnelle de calme, Willem Douven rencontre les éléments bruts de la forêt. Il en ressort une composition que le photographe belge souhaite à la fois équilibrée et chaotique, miroir de la nature.

Comment s’est développé votre amour pour la photographie d’extérieur?
La photographie est une histoire de famille. Mon grand-père était photographe de profession. Mon père capturait des souvenirs pour s’amuser. Ils m’ont contaminé je suppose. C’est seulement après avoir visionné le film qui documente la photo de rue à New York, réalisé par Cheryl Dunn, Everybody Street (2013) et après avoir découvert le travail de la photographe de rue Vivian Maier que je me suis réellement mis à la prise d’images fixes. J’ai commencé en photographiant des villes surpeuplées pour aujourd’hui m’intéresser aux scènes plus calmes de la nature.

Malgré vos inspirations marquées “photographie de rue”, vous vous tournez vers les sentiers de la nature. Pourquoi ?
C’est le sentiment de présence dans la nature, d’évasion qui me poussent à la préférer. J’aime marcher en respirant l’air frais du jour ou de la nuit, et photographier mes rencontres. En temps de dérèglement climatique et de déforestation, être dans la nature tout en étant conscient de sa magie, c’est être conscient de tout le bien d’une forêt. Les fleurs en font partie. En tant qu’athée, elles sont pour moi « l’œuvre des dieux ». Elles sont spéciales pour leur odeur, leur couleur, leur forme et sont la preuve de millions d’années d’évolution. Elles sont un lien très spécial entre le monde végétal et le monde humain.

Les fleurs se déploient dans vos images comme des compositions réfléchies, où chaque détail compte.
Je ne veux aucun élément perturbateur dans le cadre, mais dans ma pratique, je suis plutôt conduit par mon intuition et non par la raison. Il m’est souvent demandé ce que je veux dire au travers de mes images. Même si je cherche constamment des réponses aux choix que je fais, je dois être honnête ; la plupart du temps, je ne le sais pas. Je pense être guidé par la fascination pour la beauté et le calme de la nature. Quand je me promène il y a parfois une sensation d’atmosphère de l’ordre du magique. Elle est difficile à décrire avec des mots, mais elle se ressent jusque dans votre estomac. Elle fait battre le cœur plus vite aussi. Et c’est là que je photographie.

Quel détail vous interpelle pour appuyer sur le déclencheur ?
C’est l’ambiance du moment. Cela peut être une couleur accrocheuse à l’endroit où la fleur se trouve, la lumière qui est présente à ce moment-là… mais aussi l’état de la fleur. Une fleur épanouie ou flétrie procure des sensations totalement différentes à l’image.

Les fleurs et la nature sont pleines de couleurs vibrantes, parfois vous optez pourtant pour le noir et blanc comme dans la série “Silver Silence”.
Je ne peux pas et je ne veux pas choisir pour une constante dans mon travail. Si vous regardez l’ensemble de mon travail, cela peut sembler un peu chaotique. Certaines fleurs peuvent être fraîches et vibrantes avec des couleurs éclatantes, mais d’autres seront plus rêveuses avec des couleurs pastel… J’emporte toujours deux lentilles avec moi lorsque je pars en randonnée. L’humeur dans laquelle je suis, les choix que je fais sur le moment ou en post production varient inévitablement. Je fabrique mes images directement où les fleurs naissent. Parfois, on me demande si je conçois mes photos en studio. Mais ce n’est jamais le cas.

Le site de Willem Douven: willemdouven.wixsite.com
Son Instagram: @willem_douven
© Willem Douven