Expérimenter l’accident : Erwann Steglich-Petersen

Jeune photographe formé à la réalisation à l’ESRA (École Supérieure de réalisation audiovisuelle) à Paris, Erwann Steglich-Petersen se fraie peu à peu un chemin dans l’univers de l’image, expérimentant et développant un certain goût pour l’accident. Sa récente série Chromax (2021) est le résultat d’une erreur dans le processus du scan. De cette expérience découlent des clichés dans lesquels de curieuses fleurs aux teintes acidulées se superposent.

Comment en es-tu venu à la photographie ?
J’ai fait une école de cinéma qui m’a à la fois permis de rencontrer des gens, de me créer un réseau et d’aimer l’image. Initialement, je souhaitais apprendre à écrire et réaliser des films. À la suite de ces trois années de formation, j’ai eu l’opportunité d’exposer mes photographies à la Halle des Blancs Manteaux à l’occasion du festival Togaether (2017) et c’est ainsi que ma carrière de photographe a débuté, un peu par hasard…

Quel est ton rapport à l’image ?
Comme je suis quelqu’un de très insatisfait, j’essaie pour chaque nouvelle photographie de faire quelque chose de différent. Je ne sais pas si j’ai déjà une identité visuelle très marquée ou identifiable dans mes clichés. Je suis encore en recherche, j’aime expérimenter de nombreuses techniques différentes, j’explore… Je me nourris beaucoup d’expositions, surtout photographiques. Face à des images, je m’interroge sur le processus des photographes et puis j’essaie à mon tour de capturer le réel en puisant dans ce que j’ai vu et ce qui m’a bouleversé.

Comment est née la série Chromax ?
Je venais juste d’acheter un nouvel appareil (un Contax TVS) et à cette période, je commençais à développer moi-même mes pellicules. J’avais très envie de voir le rendu et j’ai donc capturé ce que j’avais à proximité : des fleurs. Au moment de scanner les négatifs, je me suis arrêté en plein milieu du processus parce que je trouvais que le rendu était bien tel qu’il se présentait sous mes yeux. Je suis allé plus loin dans cette technique, en commettant des petites erreurs… C’est donc au niveau du scan que les choses ont été altérées, les couleurs qui en sont ressorties m’ont émerveillées puisqu’elles n’étaient plus fidèles à ma perception initiale des fleurs. J’ai ensuite juxtaposé plusieurs négatifs pour créer des effets de transparence et de dédoublement.

Qu’est-ce que les fleurs évoquent pour toi ?
Je trouve que les fleurs sont des objets tellement jolis qui possèdent des formes et des couleurs à la fois belles et étranges. Les fleurs évoquent chez moi l’ornement, les natures mortes aussi, tout un tas de références culturelles et artistiques.