Sélection Cinéma fantômes

Il existe plusieurs manières de parler de la disparition d’un être aimé et de la traversée entreprise suite à cet ébranlement. Si le défunt habite toujours les vivants, il arrive même parfois qu’il les hante, ceux qui restent ne parvenant pas à accepter entièrement le passage dans l’Au-delà.  Au cinéma, les traces que laissent les morts, qu’elles soient métaphoriques ou « physiques », apparaissent sous des formes diverses et variées. Elles questionnent l’importance de la mémoire, du souvenir, la difficulté d’accepter et d’avancer marquant ainsi les étapes du deuil. 

Le cinéaste américain David Lowery s’en est emparé en mettant en scène un véritable fantôme drapé – tels qu’ils sont souvent représentés dans l’imaginaire collectif –, en 2017 dans A Ghost Story. La lumière est ici braquée sur celui qui décède et qui vient perturber l’intérieur des vivants ne sachant pas comment communiquer avec eux. Le film joue sur le passage du temps et sur l’impossibilité de se défaire d’un endroit dans lequel on a respiré, ri, pleuré, aimé.

A Ghost Story – David Lowery, 2017

 

A Ghost Story – David Lowery, 2017

 

Une autre façon d’en parler est celle choisie par Julie Bertuccelli dans L’arbre. En personnifiant un immense figuier auprès duquel s’est installée une famille qui a subitement perdu le père, la réalisatrice interroge la manière de se défaire des morts. Tous les faits et gestes de cet arbre qui murmure à l’oreille des vivants – et plus particulièrement à l’un des enfants semblant avoir le plus de difficulté à accepter la perte –, sont interprétés comme ceux de la figure paternelle, entre protection, grandeur mais aussi destruction. 

L’arbre – Julie Bertolucci, 2010

 

L’arbre – Julie Bertolucci, 2010

 

Enfin, Vincent Gallo dans The Brown Bunny sorti en 2003 livre le vécu silencieux et tourmenté d’un homme en quête de son amour du passé, sans lequel il ne peut avancer. Dans ce film où les longs plans séquence oscillent entre son et silence, le héros cherche, en chacune des personnes rencontrées, la femme qui le hante tant et si bien que c’est à se demander si lui-même ne s’est pas changé en fantôme. 

The Brown Bunny –Vincent Gallo, 2003
The Brown Bunny –Vincent Gallo, 2003

 

Dans ces trois longs-métrages où les souvenirs eux-mêmes agissent comme des spectres du passé venant troubler présent et futur, les personnages semblent avoir besoin de croire en ce qu’ils voient, en ce qu’ils ressentent pour pouvoir entreprendre le chemin vers la résilience.