L’illusionnisme d’Evelyn Bencicova

Ses images semblent tout droit sorties d’un programme d’intelligence artificielle. C’est justement ce à quoi s’attache l’artiste slovaque Evelyn Bencicova dans son travail : brouiller les frontières entre le réel et le fictionnel. De l’esthétique aux couleurs froides et formes inanimées aux sujets abordés, la photographe cherche à amener celles et ceux qui regardent ses images à dépasser ce qu’elles révèlent en premier lieu et ainsi questionner la vérité de ce qu’elle donne à voir.

Dans Artificial Tears, projet commencé en 2017, Evelyn Bencicova s’inspire à la fois des travaux du mathématicien Alan Turing et de l’essayiste Donna Haraway pour interroger les différences entre humain et machine au gré des progrès technologiques actuels.

Son projet Work in Progress (2020) réalisé conjointement avec Enes Güç analyse quant à lui la société individualiste actuellement au prisme de l’exposition et la mise en scène de soi sur les réseaux sociaux en prenant comme point de départ les créatures artificielles comme Frankenstein. Comme elle le dit elle-même, « je ne prends pas de photos, je créé des photos ». C’est donc tout naturel si chacune de ses images laisse la désagréable sensation d’avoir été dupé tout en offrant la possibilité d’aller au-delà des images. Véritable matière visuelle à réflexion, le travail d’Evelyn Bencicova permet de s’enquérir de la part d’humanité restante qui subsiste dans des sociétés de plus en plus artificialisées.