Les hologrammes questionnent nos rapports aux fantômes
Seize ans après sa mort, Tupac Shakur revient sur scène pour un dernier concert à Coachella. L’hologramme de l’icône rap inaugure une nouvelle passerelle entre le monde des vivants et celui des morts….
Produit de l’holographie née au milieu du XXe siècle, l’hologramme est une image en trois dimensions, reproduisant l’apparence et l’attitude du sujet souhaité. Popularisé par le scientifique Satoshi Kawata, l’hologramme est enfin stable et multicolore en 2011. Entre nostalgie, technologie et fascination pour le monde de l’ésotérisme, l’hologramme devient tout naturellement le nouveau costume pour donner vie aux morts.
Dans l’installation digitale We come in Peace signée Tin & Ed, les entités spectrales sont des scans en 3D d’artistes et de designers venus du monde entier. Lors de cette soirée virtuelle, les spectateurs sont invités à danser aux côtés de ces hologrammes mi-alien, mi-humain.
Cette volonté de capturer l’essence des morts, et parfois même des vivants, en dit beaucoup sur notre rapport aux fantômes. Sinistre ou bien rassurant, on cultive un attachement tout particulier à ces poltergeists. Avec l’holographie, ces fantômes numériques raniment la représentation de la mort dans les cultures visuelles, pour en faire comme dans l’installation We come in Peace une fête éternelle. À la croisée du caractère évanescent de The Ghost, signé par le maître de l’estampe japonaise Tsukioka Yoshitoshi, et de la sculpture hyperréaliste de l’australien Ron Mueck, ces spectres distillent à la fois des questionnements éthiques, artistiques, technologiques et surtout intimes. Jusqu’où irons-nous pour ramener les morts à la vie et donner aux vivants l’éternité ?