Corona Diaries de Marzena Skubatz

Photographe allemande, Marzena Skubatz vit et travaille entre Berlin et l’Islande. Particulièrement intéressée par l’identité des différents lieux qu’elle capture dans ses séries, elle réfléchit particulièrement à leur sens : des paysages extérieurs, intérieurs et la signification de l’espace que l’on peut considérer « entre les deux ». De cette recherche, elle va naturellement s’intéresser aux espaces éloignés et inaccessibles. Cela l’amènera vers le nord, où elle réalise des images de personnes vivants dans des endroits très éloignés. En photographiant leur vie intime et leur résistance, elle questionne la notion de « maison », de « chez-soi ». Engagée, elle met en valeur ces communautés notamment confrontées à des bouleversements écologiques.

Cette démarche se retrouve dans la dernière série qu’elle publie, Corona Diaries. Dans les conditions sanitaires et les modifications actuelles des habitudes de vie de nombreux pays dans le monde, Marzena livre son témoignage de chez elle, à Neukölln, quartier le plus dense de Berlin. Voici ses observations consignées sur son site tel un journal pendant la pandémie.

Pendant la pandémie de Covid19, Marzena Skubatz est confinée et ne quitte son appartement qu’une fois par jour pour marcher cinq minutes, prendre un peu l’air et documenter la situation actuelle de son quartier à Berlin.
– J’attends, j’attends juste ici vous savez…
– Mais qu’attendez-vous ?
– J’attends un type qui m’a dit qu’il allait m’amener un seau de ketchup, et un autre avec de la sauce youhourt.
– Un seau plein de chaque ?
– Oui. J’espère qu’il va venir… J’ai vraiment peur vous savez. Je ne me suis jamais vu aussi apeuré avant. Nous ne savons pas ce qu’il va arriver après et nous ne pouvons rien faire. Juste attendre.

– La contradiction entre la beauté du printemps qui éclot et l’aspect tragique de la pandémie est quelque chose qu’il est difficile de comprendre.

– Le parc est fermé, il n’est pas autorisé de pouvoir y jouer. Mais on peut grimper par dessus la grille.
– Ça a l’air un peu dangereux de faire ça.
– Oui, c’est assez haut mais que faire d’autre ? On s’ennuie tellement ! Tout est fermé ou interdit. On ne sait pas quoi faire. Il ne reste rien à faire pour nous.

Le site de Marzena Skubatz : www.marzenaskubatz.com
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