Feuillage de Séverina Lartigue

Le travail de Séverina Lartigue est un métier rare d’excellence. Elle est créatrice de fleurs et de feuillages destinés à la haute-couture, qu’elle fabrique selon des techniques précises et inchangées depuis plus de deux cent ans. Passionnée par son métier et soucieuse de conserver un patrimoine unique, elle a réuni dans son atelier qu’elle a monté il y a plus de dix ans à Lisieux, une collection d’outils et de documentation, le transformant ainsi en véritable musée. Elle travaille essentiellement pour des maisons de couture de luxe et des institutions, telles que l’Opéra Garnier ou encore pour des créateurs comme Manoush ou Monique Van Heist.
Séverina Lartigue a accepté de nous parler de son métier empreint de rigueur et de poésie.

Pouvez-vous nous parler de votre travail, comment êtes-vous arrivée à ce domaine de compétence et pourquoi?
Je suis créatrice de fleurs de soie, mon atelier a maintenant 15 ans et fait partie des EPV (entreprises du patrimoine vivant). Je réalise toutes les étapes de la confection d’une fleur, préparation des tissus, découpe, teinture, gaufrage ou façonnage et le montage dans le respect d’un savoir-faire rare et précieux.
Mon parcours est particulier, j’ai inventé un travail sur mesure dans lequel j’utilise toutes mes compétences : photographie, dessins, modélisme, recherche de matières, transformation, teintures, communication, gestion…

Comment percevez-vous votre travail et quel est votre rapport à la Nature?
Je suis maquettiste en volume spécialisée en architecture, paysagiste et je fabrique des fleurs depuis toujours. Je suis une fille des bois et des prairies. Ce qui me plait, c’est mélanger la technicité et la poésie, les opposés. Comprendre la mécanique de la végétation, son identité et sa personnalité. Je compare souvent les végétaux à des visages et ensuite m’intéresse à leurs postures. Nous les hommes, nous avons des visages composés de deux yeux, un nez, une bouche et deux oreilles pour simplifier, pourtant nous arrivons à distinguer les visages des femmes de ceux des hommes et à nous reconnaître. C’est la même chose pour les végétaux. Une fleur a un cœur, les pétales, des sépales. Les formes, les couleurs, les nervures, les dimensions… vont permettre de l’identifier. Quelle est la différence entre une feuille de liseron, une de violette et une de lilas ? Ce travail est primordial et me passionne. Mais il est loin de se restreindre à de la théorie, le ressenti est essentiel. Pour moi la posture de la plante est liée à la poésie. Je cherche à transposer ce que l’on trouve de charmant dans un rosier grimpant à une couronne de petites roses par exemple.

© Stéphane Janou, Séverina Lartigue
le site de Severina Lartigue: www.severinalartigue.fr