Manger L'immonde avec Judith Lasry

C’est pour son examen de diplôme en design qu’elle vient de passer à l’école Boulle à Paris, que Judith Lasry, designer, a questionné la place de l’insecte dans notre culture culinaire. Son projet, intitulé Manger l’Immonde, développe toute une gamme de vaisselle et d’outils de cuisine adaptés à l’insecte. Bocaux, plats, piques et mortiers, qui permettent alors, selon la designer, de regarder l’insecte, de le montrer sur la table, et de le transformer. Il devient donc un élément du repas à part entière.
Partant du principe que l’entomophagie provoque le dégout dans les cultures occidentales, la designer propose une vraie confrontation avec l’insecte sous la forme que nous lui connaissons, sans tentative de camouflage de la bête, mais avec des solutions de manipulation qui l’intègre au protocole alimentaire. Si l’insecte est mangé en morceaux, le consommateur aura lui-même broyé la bête et donc sera conscient de ce qu’il ingurgite.

«La manière de conserver, montrer et transformer l’insecte se joue alors de l’envie ou non de voir l’animal : dans l’ombre d’une matière épaisse (le grès), en accord avec son habitat naturel (le bois), ou encore révélé dans ses moindres détails (le verre).»

Judith Lasry s’est interrogée sur l’ergonomie d’objets divers autour plus particulièrement des larves de ténébrion, des criquets et fourmis. Les insectes feront partie de notre alimentation dès demain, commençons donc à les regarder en face.

 

Recherches de formes et d’outils pour transformer, cuisiner et présenter l’insecte
Un autre type de couvercle, en bois gravé comme s’il était rongé, permet de présenter l’insecte et de le manger tel quel.
Plats de présentation en grès pour les vers de farine et vers morios à croquer entier.
Mortier plat La palette aromatique de l’insecte étant très variée, nous pouvons l’utiliser comme épice ou condiment. Ainsi, l’idée est de manipuler des mortiers à même la table, à la vue de tous, et non pas uniquement dans la cuisine. Ce mortier, très plat et large, montre comme un tableau toute la transformation de l’insecte : on le voit se réduire en morceaux, le geste est ample, puis on vient racler à la main l’ingrédient avant de le saupoudrer sur son plat.

© Judith Lasry